Cabane du Garde Chasse -

Si bon…si…doux

Une source presque tarie à présent, mais recelant d’un goût encore tellement prenant… Les derniers soubresauts pointaient, il fallait s’en détacher rapidement.

Faïna décolla sa bouche de la gorge déchiquetée, quelques gouttes virevoltant autour de sa chevelure dorée. Ses crocs luisaient dans le crépuscule, encore recouverts d’un léger voile de sang. Elle relâcha sa prise, laissant le corps atterrir lourdement dans la poussière, sans vie, et totalement vidé.
Un soupir de satisfaction s’échappa d’entre ses lèvres rougies, qu’elle entreprit de lécher avec avidité. Elle se sentait en pleine forme.

Deux pupilles empourprées se tournèrent vers le croissant de Lune, découpant des ombres sinistres à travers le couvert des arbres.

Il est temps d’y aller.

Elle rabaissa les yeux au niveau de son ancienne proie, pauvre badaud, marchant un peu plus tôt au mauvais endroit, au mauvais moment.

- Tu viens avec moi ?

Les lèvres parfaitement dessinées de la vampire s’étirèrent en un large sourire vicieux. Il n’irait plus nulle part désormais.

- Tant pis pour toi !

La sylphide dégagea son repas d’un coup de pied, l’envoyant rouler à quelques mètres sous une souche épaisse. Elle déguerpit ensuite à travers les arbres, les troncs défilant à une allure folle à son passage. Pleine du liquide délicieux, elle se sentait aérienne, ses longues bottes ne foulant qu’à peine le sol terreux.
Quelques secondes lui avaient suffit à gagner l’orée du bois. Devant elle se dressaient les tours immenses de sa nouvelle demeure. Poudlard. Ce changement d’air lui convenait parfaitement. Les rues de Venise et la résidence familiale lui étaient connu en tout point, et ce depuis déjà fort longtemps. L’Italie l’ennuyait. Ici, au moins, elle allait pouvoir s’amuser un peu. Déjà, la perspective d’afficher son physique de rêve lors du discours de rentrée l’enchantait particulièrement. Elle imaginait dés à présent les bouches tombantes des petits mâles en rut, et les moues jalouses et horripilées des pimbêches de l’école lorsqu’elle passerait les portes.
Cette idée la ravissait.

Mais d’abord…

Faïna s’approcha lentement de la cabane. Elle haussa un sourcil en détaillant l’habitation rudimentaire, et doutait qu’il puisse se satisfaire de cela autant de temps.

Humant l’air, elle sentit qu’elle était la première au point de rendez-vous.

Les deux autres ne vont sans doute pas tarder…

Elle déplaça son corps, uniquement couvert d’une légère robe sombre, et arriva devant l’entrée. Et comme elle s’y attendait, la porte s’ouvrit, la tête de son hôte apparaissant dans l‘encadrement.
Faïna dévoila ses dents en sourire radieux.

- Je ne sais pas ce que tu en penses, mais pour ma part je raffole du sang anglais !

-( Nous sommes les prédateurs )-

-Tu sais mon grand, je ne suis pas un homme fréquentable.

Murmurait James en abaissant les yeux vers son verre encore plein.
Étancher sa soif jusqu'à l'ivresse la veille d'un très gros discours, qui le laisserait dans l'ombre ? Quelle grande idée. Albus avait toujours eu ce chic, d'écarter les ombres du tableau. Mais la pire devait être cette "Kunga Namdak" ... Une sorte de proie chauve, un peu comme ces poulets transgéniques dont personne n'avait faim. Qui voudrait d'un bout de viande shooté aux hormones ? Pas lui en tout cas. Mais ce qui le vexait le plus, c'était sans doute que ce steak avarié ne veuille pas de lui. James se lassait doucement de sentir les lèvres de l'autre lui lécher le cou tendrement, devant ses longs cheveux noirs ramenés sur le côté. Dégageant ses prunelles rouges en touche, il se tourna vers son prétentieux prétendant, et avant que ce dernier ne parle, il attrapa son visage et l'embrassa tendrement. La chaleur de leur contact avait ce petit ton électrique dont il avait besoin pour se dynamiser. Mais quoi de plus original que d'absorber le sang par un baiser ? Une morsure sensuelle ... Mais mortelle.

-Je t'avais dit que je n'étais pas bon.

Et le regardant s'avachir sur le sol à demi mort, James se releva de toute sa hauteur.
Enjambant le garçon, il se précipita vers la sortie de cette taverne ennuyeuse. Le maître de la nuit, désormais c'était lui. Bien que, se rappeler vite qu'il n'était pas seul l'enchanterait à moitié. C'était déjà ça. Lui tirer un sourire depuis la mort d'Andrew était une chose difficile. Il n'en voulait pas à Corwin de l'avoir libéré, il en voulait à la planète entière. Pourquoi ? Parce qu'il n'avait pas de raison d'être. Sans Jimy à terroriser, Andrew à détester ... Que lui restait-il ? Son amour ? Fallait-il encore se souvenir où ça l'avait mené ...

-Enfin chez soi ...

Tirant jusqu'au craquement son haut noir près du corps, James replia ses coudes au dessus de lui et passant sa tête dans le col étroit de son carcan, il le jeta sans souciance sur le côté. Près d'un miroir, il remercia le ciel que les rumeurs soient toutes fausses et admirant sa peau plus pâle que jamais, il enfila une tunique en V qui dévoilait plus qu'il n'en fallait sa musculature mieux dessinée depuis sa vampirisation. Relevant ses cheveux, il les bloqua avec une baguette, laissant de lisses et brillantes mèches bouclées lui dégringoler sur les épaules. Dégrafant son pantalon rapidement, il le laissa tomber sur ses chevilles, les remuant une à une pour s'en débarrasser. Le laissant traîner là, il rajusta son boxer noir et étendant ses longues jambes dessinées sur une table devant lui, il s'enfonça dans le canapé unique de sa pièce à vivre. Attrapant sa baguette, il l'orienta vers une chaîne qui devait prendre la moitié d'un mur et une musique branchée éclata dans toute la cabane, crachant ses notes de haines dans chaque vibration des murs. Mais comment un Vampire à l'ouïe si fine pouvait rater l'odeur mielleuse d'une consœur et l'atroce frappe de ses vieux os craquants sur le bois de sa porte.

-Faïna.

Il laissa l'entre bâillement tel quel en se retirant.
Pas besoin de l'inviter à entrer dans la demeure d'un vampire, elle le pourrait d'elle même. Toutes les légendes n'étaient pas vraies, certaines oui. Passant une sorte de graisse blanche sur ses lèvres violacée, James inspecta chacun de ses deux yeux et tirant deux verres, il prit sans hésitation la lame la plus proche pour s'entailler les veines. Un filet de sang rouge rubis en jailli et se déversa dans les coupes. A peine sa plaie refermée que le brun en tendit une à sa "Sœur".

-Si par sang anglais tu parles de Corwin, non. Je n'y ai pas touché. Et tu ne t'en nourriras pas non plus. Il est à moi. Il m'appartient. Tu connais les règles de Nikolas. Un Vampire ne peut se nourrir d'un humain s'il appartient à un autre. Va donc voir ailleurs s'il y est. Puis si tu le peux, lâche moi la grappe, je ne lui infligerai pas ce que vous m'avez fait.

Néanmoins James se mit à sourire devant la tenue de Faïna. Il y avait du mieux, mais ce n'était pas encore tout à fait ça.

-Tu sais, les jeunes femmes d'aujourd'hui ne portent plus de robes du soir le jour de la rentrée. Poudlard a une politique stricte sur les uniformes. Tu ne veux pas te faire remarquer ?

Il se mit alors à rire sous l'air malicieux de l'autre Originel.

-Je vois ...

Un plaisir immense l’emplissait. C’était bien la première fois que revenir à Poudlard lui procurait autant de bonheur. L’ambiance du château, ses vieilles pierres, son parc aux odeurs délicates. Il se sentait plus que bien. Mieux qu’il ne l’ait été depuis trop longtemps. Mais il devait surtout cet état au fait de s’être enfin acquitté de sa tâche : avoir ramené James.
Sans lui, Corwin avait eu l’impression de sombrer, de s’enfoncer toujours un peu plus dans un gouffre sans fin. Peine. Douleur. Haine. Il l’avait détesté pour sa disparition. Il l’avait détesté en le retrouvant en compagnie d’Andrew chez les Georii. Il l’avait réellement haï. Mais le fait est que son amour perdurait, et qu’il avait désormais repris place en son cœur et son esprit. Jamais plus il ne le laisserait s’envoler.

Le Serdaigle jeta un coup d’œil à la pendule.

Affichant un sourire en coin, il finit de se préparer et sortit par la fenêtre, planant dans l’air doux de la nuit. Il atterrit doucement dans l’herbe grasse du parc, ses ailes sombres disparaissant. Il enfila le t-shirt qu’il tenait à la main, et avança.
Sur le chemin, les souvenirs récents de l’Italie se bousculèrent dans sa tête. Quelques notes d’amertume firent leur entrée, mais finalement ensevelies par une joie perverse lorsque l’image d’Andrew s’imposa à sa vue.

* Flash back *

- Te souviens-tu de ce que je t’avais dit il y a quelques temps, Andrew ?

- Argh… !

- Personne ne pourrait le séparer de moi. Et si quiconque s’y risquait, il me trouverait sur son chemin…

- …ggh…

-Je t’avais dit que je te détruirai… Et tu le sais maintenant. Tu as perdu…

* Fin du Flash Back *

Un long frisson lui parcourut l’échine. Cette réminiscence le faisait jubiler, laissant entrevoir ses dents dans la nuit claire. Un sentiment de puissance l’avait envahi depuis leur retour. Il avait fini d’avoir peur de tout. Ce voyage l’avait fait grandir, moralement et physiquement.
Cependant, plus il réfléchissait, et plus il trouvait que ce succès n’était finalement qu’en demi-teinte.
Depuis leur retour, James semblait distant. La disparition d’Andrew l’avait plus affecté que Corwin l’aurait voulu. Et il ne pouvait se résoudre à mettre de côté les doutes qui l’assaillaient. Et s’il l’avait réellement aimé ? Lui en voulait-il vraiment au point de mettre un terme à tout ce qu’ils avaient vécu ?
L’histoire du serpent et de l’aigle avait été des plus étranges : leur amour était né dans la douleur et le sang, et s’était développé dans une passion destructrice. Cette passion qui avait coûté la vie à ce que le Serdaigle chérissait le plus. James s’était sacrifié pour lui. Que lui fallait-il de plus pour se rendre compte de ce qui les unissait ?
Et c’est l’amour de Corwin pour son ange disparu qui l’avait poussé à le ressusciter, à le chercher, et à le ramener auprès de lui. Car il était son bien le plus précieux, ce à quoi il tenait le plus.
Alors, peut-être James lui en voulait, peut-être même qu’il le détestait à cet instant. Mais finalement, peu importait, car il lui rendrait le sourire. Peu importaient la rage et le sang versé, puisqu’ils étaient dorénavant ensemble. Et accompagnés.

Chloé et Faïna faisaient désormais partie de Poudlard, à leurs côtés. Le garçon ne savait pas comment se comporter face à la vampire. Il n’aurait même pas su dire si elle lui en voulait. Mais une certaine tension persistait entre eux. A contrario, la présence de Chloé le ravissait. Il adorait la louve, malgré ce qu’il s’était passé. Il était curieux de voir comment allait se dérouler cette rentrée en la compagnie de ses trois compagnons. Après tout, tous les quatre étaient des…créatures, bien qu’il ne sache toujours pas ce que lui-même représentait.

Il arriva bientôt en vue de la cabane. Jetant un rapide coup d’œil à ses vêtements, et passant une main dans ses cheveux cendrés, Corwin finit par toquer, la hâte de le voir le prenant. La voix angélique de James lui parvint, et il poussa la porte.

Son regard croisa les pupilles ardentes de son phénix, laissant son cœur battre la chamade et faire pulser le sang dans ses veines.
Tournant la tête, il rencontra finalement celui de Faïna. Celle-ci lui décocha un…sourire, accompagné d’un feulement, découvrant largement ses canines saillantes.
Corwin secoua la tête en rigolant.

- T’es mignonne.

La bouche du garçon s’ouvrit alors démesurément, des crocs longs et aiguisés apparaissant instantanément, la gueule horrible complétée d’un rugissement caverneux. Puis le faciès disparut rapidement, laissant un rictus sur le visage du Serdaigle.

Il reporta son attention sur James, s’approchant de lui et plaçant sa main contre son cou. Il était plus magnifique que jamais, malgré la froideur de sa peau.

Jamais je n’aurais cru pouvoir te toucher encore…

Il finit par détacher ses doigts de la peau crayeuse.

- Bien, Chloé ne va tarder je présume.

Cabane du Garde Chasse : "Le Trou"

Que voulez vous que je vous dise ? Me voilà à Poudlard, c'est un fait. Et j'ai même réussi à me faire admettre dans l'année de Corwin. Quel autre choix avais-je ? Je dois continuer à garder un oeil sur lui. Sans me priver pour autant de m'amuser. Après tout, j'avais aussi le droit de vivre un peu. Il était attachant, bien qu'un peu lassant. Ce que nous avions vécu en Italie avait laissé sa marque, sur moi comme sur lui. Qu'à cela ne tienne, nous n'étions que des amis ... C'était mieux ainsi. Esteban avait fini par me trouver, il m'avait demandé de faire un effort pour lui laisser une chance. Ce que je comptais bien faire. Mais ce semi Démon, et ce Vampire ... Une Union contre nature qui ne devait pas m'échapper seulement ... Quand je voyais l'énergie déployée par cette blonde d'aristocrate pour en percer les mystères je restais perplexe. Ces deux garçons avaient "quelque chose". Quant à savoir quoi, peut être l'une d'entre nous finirait par le découvrir. Pour l'heure, je préparais une énième rentrée dans une nouvelle école. Encore.

Chloé Donovan,
Terminé

Vapeur, chaleur, vigueur.
De ses petites mains mal menées, elle frotte encore ses cheveux dans la serviette sèche. Elle renifle la bonne odeur du linge propre, puis, en banane sur le sommet de son crâne, elle loge le tissu en soutien pour ses longs cheveux blonds. Enfilant des sous vêtements, puis ses bas avec soin, elle saute ensuite dans la jupe de sa tunique. Boutonnant son chemisier blanc, elle le noue serré au cou. Passant son bras gauche dans la première manche de son gilet, puis le droit, la Louve attache sa cravate avec soin. Avant de mettre la cape, elle tire enfin la serviette. Une cascade de boucles blondes dégringolent alors sur ses épaules carrées. Se peignant avec la grimace, se tordant la bouche à chaque nœuds, la jeune femme vient à bout de sa crinière de blé et tirant bien ses mèches rassemblées jusqu'à lifter son visage, elle attache enfin le tout en un chignon strict. Faire bonne impression. Elle n'était pas la catin que serait Faïna. Chloé était une femme distinguée.

-Tu sais quoi Loreena ... Si ça ne tenait qu'à moi, personne ne pourrait couper aux règles de cette école. Qui mérite de faire exception ?

Et sans attendre la réponse de l'autre Serdaigle qui était aussi sa partenaire de lit superposé, elle lui jeta la serviette dessus par inadvertance. Chloé ne venait pas seulement de se souvenir de son rendez vous, non, elle avait aussi vu l'heure. Constatant son retard, elle se maudit elle même d'être aussi distraite et ce fut la dégringolade qui débuta. Si Raven avait eu une alter ego de sexe féminin pour sa maladresse, cela aurait sans doute été elle. Trébuchant sur sa cape, bousculant des élèves dans la foule, en envoyant certains dans les murs à cause de sa force surhumaine. Le Tue Loup était pratique, à ceci près que la condition de Chloé la rendait plus résistante. Aussi elle restait un danger public, même après traitement ...

-Tu peux pas regarder où tu vas non ? SAL*Pour des raisons de bienséance, nous passerons ce mot* !!! - (Casse dédi à Jinx)

Se reprenant enfin, essoufflée, Chloé se laissa tomber un instant sur un siège.
Prenant son courage à deux mains, elle se demanda s'il y avait autant de marches que de couloirs dans ce château, que si tel était le cas, la jeune polonaise continuerait de maudire les anglais quelques temps. Cela étant, supporter à l'école une créature de sa classe était une preuve de bonne volonté et elle voulait se montrer digne de confiance, surtout envers les professeurs qui lui avaient laissé sa chance. Quand l'extérieur arriva enfin, la blonde remercia le ciel d'obtenir un peu d'air frais. Étouffée à présent par son col serré, elle le dégrafa. Puis, sur la route, en surchauffe à cause de la pleine Lune, elle arracha sa cape et la jeta quelque part dans la Nuit. Puis elle éclata son gilet pour dégager un peu le haut de son corps. Permettant ainsi à sa poitrine de se gonfler au maximum pour étendre ses inspirations. Faisant une pause, elle se pencha en avant, les deux mains sur les genoux. Ses cheveux avaient déjà commencé à se répartir de partout, débordant de sa coiffure initiale.

-OH PORTE TE VOILAAA ! LAISSES MOI T'AIMEER !

Gémit la louve en allant se blottir contre le socle de bois brut qui l'accueillait.
Bien évidemment, l'odeur de ces affreux Vampires ne lui avait pas échappé, encore moins celle de Faïna qui avait pris plaisir à longuement torturer son petit frère. Qu'importe, elle avait pu se venger en lui volant le sien par l'intermédiaire de Corwin, envers qui elle avait désormais une dette. Les comptes seraient à zéro. En fait ils l'étaient depuis qu'elle avait accepté la plaie qu'était cette école pour tenir un œil sur un semi démon qui ne devait pas plus avoir besoin d'elle que le contraire.

-Oh, James ... C'est vous.

Se mit-elle à sourire.
L'espace d'un instant, ses yeux jaunirent sous l'éclat de la Lune. Battant des paupières, Chloé réalisa son état. L'odeur de son parfum réchauffé se diffusait de partout autour d'elle et sa chevelure libérait l'essence des huiles qu'elle utilisait pour les tenir clairs. Entortillant l'une de ses mèches blonde avec son doigt, elle se tenta de la voix sensuelle prise pour éviter le calvaire de laisser entendre qu'elle aurait pu être à la ramasse.

-Conseil au sommet, si j'ai bien compris. Pourquoi on fait une réunion de monstres ?

Puis elle vit Faïna.

-Pas la peine, j'ai compris.

Leurs regards s’étaient tournés vers la porte en entendant les bruits de pas. La vampire pouvait sentir la pestilence de Chloé lui parvenir d’entre les larges murs de pierre.

- Ce qu’elle peut sentir mauvais! Je n’ai jamais connu un loup qui puait autant! Dit-elle en un sourire mesquin.

James ne réagit pas à la remarque, mais Corwin sembla gronder de colère.

Pathétique.

L’hôte ouvrit la porte. Répugnance. Son odeur était comme une agression à ses narines, tel un vent nauséabond et gonflé d’huile parfumée pour en cacher l’essence. Ce souffle balayait tout sur son passage, conférant à Faïna une envie irrépressible de la torturer un peu. Elle afficha une moue dégoûtée.

- Tu aurais pu au moins arriver à l’heure, petite chienne. A quoi cela te sert-il de te faire désirer alors que personne ne t’attend?

James claqua la langue. Faïna lui jeta un regard légèrement hautain, mais comprit le message. Cette réunion avait pour but de tout planifier pour leur arrivée, et le retour des garçons dans leur école. Alors, une atmosphère pesante ne serait guère utile quant à ces préparatifs.
Faïna inspira un grand coup, et vida d’une traite le verre que son nouveau frère lui avait tendu. Quelque peu rassérénée, elle afficha vers Chloé un sourire gorgé de sang.

- Jolis…cheveux.

Faire un compliment à la louve lui arrachait la gueule. Elle aurait payé cher pour avoir l’occasion de lui briser ses os un par un…entendre les sons délicieux des disloquements, des membres démantelés, et les plaintes d’une souffrance aigue. L’idée la fit frémir de contentement, sa langue allant parcourir ses lèvres une nouvelle fois.

A la réflexion, Chloé n’était pas la seule à qui Faïna désirait faire mal. Son regard se porta sur cette autre personne, assise au fond de la cabane et le visage mi-éclairé par une chandelle. James lui avait répondu quelques minutes plus tôt, qu’elle ne devait pas le toucher. Et elle connaissait les règles, bien mieux que son nouveau petit frère. Qui pourrait s’arroger le droit de les transgresser, hormis feu son vrai petit frère. Il avait été faible, tout au long de sa vie d’immortel. Et c’est sa faiblesse qui l’avait condamné.
Elle ne pouvait pas dire qu’Andrev ne lui manquait pas, car sa disparition lui laissait un grand vide, c’était indéniable. Cependant, au fil des décennies, la vampire originelle s’était quelque peu détachée de ce que son rôle de sœur lui incombait. Et elle aurait pu s’en sentir coupable. Mais cela n’avait pas été le cas. Elle et sa famille avaient passé les siècles, et Andrev s’était rarement, pour ne pas dire jamais, joint aux virées sanglantes de sa sœur.
Faïna était rapidement devenue une tueuse froide et implacable, éprouvant même un plaisir immense à aspirer le liquide vital, de par une gorge ouverte aux cieux. Elle s’était hissée au plaisir de son père et oncle, qui lui avait montré sa fierté à maintes reprises. Mais le comportement de son frère ne changea pas une fois. Et aujourd’hui…

Ses yeux rencontrèrent ceux de Corwin. Une lueur brûlante dansait dans les prunelles de Faïna, et elle ne dit mot, laissant son regard dériver petit à petit pour revenir vers le centre de la pièce.

On verra…

- Bien! On ne va pas rester comme ça une éternité à se regarder dans le blanc des yeux!

Elle poussa un tabouret du pied vers Chloé.

Au moins il ne pourra pas dire que je n’ai pas fait d’effort!

- James, si tu as voulu que nous nous rassemblions ici, je suppose que c’est pour nous donner des indications quant à notre entrée à Poudlard. Alors, je t’en prie.

Cela lui passait raisonnablement au-dessus de la tête, mais elle était tout de même curieuse de savoir ce qu’il allait leur dire, à chacun d’entre eux.

Maigre sourire à Faïna.

-Changement de ton. Je vais m'y mettre.

-( Cliquetis de la télécomande )-

Quand elle attrapa la coupe.
James ne haussa pas l'ombre d'un sourcil, fixe, figé comme une poupée de cire. Ses pommettes avaient curieusement rosi devant l'odeur de son propre sang. Un rien suffisait à exciter ses instincts de chasseur. Baissant les yeux vers la table devant lui, il scruta sa propre coupe. Il la releva d'abord un instant, adressa un air complice à Faïna et non sans une certaines malice il avança ses lèvres violacée sur le rebord pourpre de son calice de vie. Puis, quand elle se mit elle même à sourire, pensant sûrement qu'il allait se nourrir, savourer sa coupe comme le sanglant personnage qu'il devint, James se recula simplement. Posant la coupe sur le sol, il se détourna de sa "soeur" pour aller rendre visite à sa penderie. Hésitant un instant entre plusieurs tenues toutes noires sans exception, le brun ténébreux en tira une au hasard. La fixant un instant de ses yeux pourpres, il acquiesça. Jetant alors la tenue sur le côté, il enleva les derniers de ses vêtements pour ne garder que l'élément dissimulateur de sa virilité. Une légère crampe ou durcissement de la nuque entraîna sa main gauche sous la masse de ses cheveux. Attrapant ses cervicales, la tête de James fit une vague rotation sur ses épaules. Le menton vers le haut, il ferma un instant les yeux en laissant lentement redescendre sa main. Puis, le regard empli d'une lueur d'amusement, il se tourna vers Faïna qui devait le regarder. Après tout, il n'était pas réellement de la même famille ...

-Tu n'as jamais été tentée ... Tu sais ... juste pour voir ?

Puis sans attendre la réponse.
Sa main blanchâtre, coupée à certains endroits se saisit d'une tunique longue par dessus son lit. La relevant devant lui, il la passa lentement par dessus son corps blanc. Le vêtement était sans manches, cintré en haut, un petit col droit. L'ouverture au niveau du cou était assez large pour dévoiler le célèbre pendentif qu'il avait toujours arboré sur lequel étaient gravées les initiales "J.M." - Attrapant une ceinture large, il la passa autour de sa taille pour s'affiner davantage, puis, se penchant en avant, il tira bien les deux longueurs qui tombaient devant lui, se rejoignant en deux bouts comme des ailes repliées sur son corps. Par derrière, ses mollets contractés par son effort ressortaient de façon ingrate. Hésitant un instant, le Vampire se saisit d'une paire d'avant bras en velours noirs. Les allongeant lentement sur ses muscles à peine contractés, il ressortit ses mains à l'autre bout de chaque manchon, terminés tous deux par un élargissement de tissu pour bien couvrir ses poignets.

-Tu devrais aller ouvrir.

Murmura James à Faïna, mais bien sûr, elle n'en fit rien.
Dans l'inattention la plus totale, le grand brun initia de terminer son geste. Attrapant un kilt de cérémonie long, entièrement noir, il entra dedans et le lissa bien pour qu'il dégringole sur ses chevilles. En vitesse, il saisit ses bottes de combat qui remontaient jusqu'au bas de ses genoux et il jeta sur ses épaules une longue cape noire à capuchon bouffant. Bien entendu, il laissa encore son visage libre et c'est en détachant ses longs cheveux noirs comme la nuit, parsemés de reflets d'argent qu'il s'écrasa contre Corwin. Qui lui attrapa la gorge. Plus figé que jamais, une émotion trahit son regard quand le contact avec son amant se fit plus pressant. Comme suspendu, il souffla seulement en clignant des yeux. Se rapprochant machinalement de celui qu'il aimait, le Vampire sentit ses désirs exploser quand il s'écarta au moment le plus intéressant. Quelqu'un câlinait la porte ...

-Chloé ?

Elle entra. Simplement.

-Bien, nous sommes tous là je crois.

Quand elle avala le sang.
Le temps semblait tellement morne, plus que jamais. Dégageant de l'une de ses "poches" improvisée, soit directement de son boxer noir, un bien curieux parchemin, le nouveau garde chasse le jeta en pâture à ses acolytes. Naturellement les questions finiraient par fuser.

-Eh bien.

Il devait parler.
Enfin, il le supposa face au grand silence des regards rivés sur lui. Des yeux bleus, rouges, noirs ... Tous ici aussi différents qu'il l'était lui même. Admirant d'abord les deux blondes avec un maigre sourire, il se détacha de sa joie pour reporter sa vision sanguine sur le visage moins innocent de son amant. Le blond avait revêtu un bel ensemble lui aussi. James lui en voulait. Horriblement. Une vague de haine aurait pu transparaître de son regard, s'il n'avait pas choisi alors d'enterrer ses émotions au fond de lui, comme pouvait le faire son espèce.

"To Turn Off"

C'est le terme que les anglais employaient pour qualifier ce processus.

-Cette lettre. Elle nous vient d'Héréa Anabeth Slent. Nouvellement nommée présidente du conseil des créatures magiques. Elle exige nôtre présence à une assemblée spéciale en lien avec la guerre déclarée. Mais ce n'est pas tout. Même si la Souveraine Fourbe a été proclamée comme la favorite pour la présidence, elle a encore des opposants. Elle me demande en service de lui assurer de la voie de nos clans respectifs. Je sais que Nikolas pliera devant Héréa. Elle est bien trop forte pour lui. Mais j'ignore ce que veulent les loups et ... Corwin. Il va falloir que nous rendions visite aux démons. A ton père, plus exactement. A-t-il laissé un moyen de le contacter cet été ? Je vais ensuite parler de l'école et de mon armée, mais je voulais vous fixer sur ce point avant de passer au reste. Sachez que je respire grâce à cette créature, sans elle, Atanys n'aurait peut être jamais eu le livre noir ... Des questions ?

La haine de James à son égard le transperça. Bien qu’il l’enfouit rapidement au fond de son esprit, une seconde avait suffit pour percer le cœur du Serdaigle. Il savait qu’il lui en voulait, qu’il lui reprochait de lui avoir arraché Andrew, mais jamais il n’aurait cru se faire autant détester.
Une vague de peine et de colère lui parcourut l’échine subitement, ses muscles se contractant sous l’assaut infernal qui le prenait. Il tenta de faire le vide rapidement, car déjà il sentait le fiel démoniaque s’emparer de son cœur.
Sa colère se mua alors en un chagrin profond, laissant apparaître les rides de contrariété sur son visage pâle. Ses lèvres s’amincirent en une moue contrariée, et il ne put émettre une seule parole durant un instant.

Il entendait les paroles de James à travers une nappe de brouillard, comme si toute perception de la réalité lui échappait à présent. Ce n’est qu’au moment où le reflet vampire parla de son père qu’il sembla reprendre contact avec la pièce et son atmosphère étrange.
A travers la jubilation qui l’avait pris en se remémorant l’Italie, il avait volontairement écarté leur rencontre de son esprit, préférant y réfléchir plus tard, lorsque l‘opportunité d‘être seul se présenterait. Cependant, un sentiment bizarre le saisit à l’appellation de son géniteur. Il s’était toujours dit que s’il rencontrait son père un jour, il se comporterait de manière froide et hostile face à cette personne qui lui avait manqué cruellement durant son enfance. Mais il n’avait rien dit. Les retrouvailles l’avaient marqué plus profondément que ce à quoi il s’attendait. Et il avait dit revenir sous peu, une fois que leur rentrée à Poudlard aurait été terminée. Alors, il patientait.

Corwin réfléchit un instant. Héréa. A ce nom, il frémit de terreur. Il avait senti son pouvoir lors de leur entretien avec Atanys, et la créature avait apposé une marque de peur en lui. Une terreur sans nom s’était emparée du garçon sans qu’il ne puisse réagir d’une quelconque façon. Et voilà qu’ils devaient s’entretenir avec son père…

Abigor…

Le Serdaigle se racla la gorge, la peine toujours présente au fond de lui.

- Il ne m’a laissé aucun moyen de le contacter… Tout ce que je sais, c’est qu’il va venir très bientôt dans les alentours pour que nous puissions…parler.

Il jeta un coup d’œil à Chloé. Lors de leur périple en Italie, elle avait vu d’un très mauvais œil que son démon de père lui apparaisse. Elle lui avait même presque interdit d’aller s’entretenir avec lui. Et à présent qu’Abigor avait refait surface, et qu’il rejoindrait son fils sous peu, Corwin ne savait de quelle manière la louve allait réagir. Après tout ce qu’ils avaient partagé, veillerait-elle encore sur lui?

Il se sentait perdu. Après avoir traversé toutes ces épreuves, il se trouvait de nouveau en passe de sombrer dans une mélancolie profonde. Des sentiments de rage et de tristesse se mêlaient en lui, l’accablant de pensées toutes plus confuses les unes que les autres.
La haine de James l’ulcérait, le retour de son père, qu’il n’avait jamais connu, et dont il avait détesté l’existence et l’absence durant toute sa jeunesse, les sentiments plus que troubles qu’il entretenait envers la louve… Tout se mélangeait. Tout…

Perdu.

Cabane du Garde Chasse - Heure de Vérité !

Les créatures de ce monde se rassemblaient. Comment avais-je pu être aussi stupide durant tout ce temps ? C'était une évidence pourtant. J'aurais du le savoir ! Toutes ces trêves signées en si peu de temps, à quoi bon sceller une paix si ce n'est pour en viser une autre ? Mais je doutais à raison de la bonne volonté de certains quant à nôtre avenir avec les hommes. Certains avaient besoin d'eux pour survivre. Mais d'autres, asservies, repoussées, exilées n'attendaient que de pouvoir reprendre le dessus. Mon père m'avait raconté ces histoires quand j'étais jeune, le récit du premier conseil. Des élus des éléments. Des gemmes ... Tout, toute l'histoire était liée. Comment avais-je pu être aussi aveugle ? James avait tout prévu depuis le début. Encore une fois, il démontra qu'il était bien au dessus de nous, et à plus d'un égard. Il venait à cet instant de gagner mon respect. Pour ma confiance, il faudrait attendre encore un peu ...

Chloé Donovan
Terminé

TTT- ANCIEN TEMPS -TTT

-Le conseil des créatures ? James, sais tu ce que ça représente ?

La jeune louve se mordit la lèvre supérieure.
Au diable ces histoires avec Corwin, au diable la distance que le blondinet avait manifesté face à son amant. Au diable les regards croisés avec Faïna. Le sujet qui venait d'être posé sur la table était plus important, plus significatif que tous les mots prononcés jusqu'alors. Faïna le savait elle aussi et Chloé enfonça ses iris d'argent dans le regard de son équivalent vampire. C'était inquiétant, véritablement inquiétant. Il y avait quelque chose de surnaturel dans ce parchemin, un goût de magie à son essence la plus pure. En effleurant le roseau tissé de la main, la jeune femme entendait les voix du passé murmurer dans sa tête. Le cachet au bat de ce message était celui des anciens, de leurs pères à tous.

-Est-ce seulement vrai ? Ou suis-je en train de rêver ? Dis moi ?

Mais quand enfin elle apposa sa paume de main sur la surface plane, la louve réalisa qu'elle ne rêvait pas. C'était bien réel. Fermant les yeux, la blonde inspira profondément un vague instant, entraînée vers le passé et les soirs de paix où son père la berçait à la lumière des bougies en lui racontant l'histoire de ce monde. Une histoire ignorée des hommes mais que les créatures connaissaient toutes.

-Ils nous doivent la vie, est-il question de la leur prendre ? James, nous ne pouvons laisser une telle chose se produire. Si le conseil en est à se poser la question, la situation est irrémédiablement plus grave qu'elle ne l'a jamais été.

Et comme Corwin ignorait sûrement ce dont ils étaient en train de parler, la blonde tira de l'une de ses poches de chemisier un étrange journal à la couverture en peau de bête, dorée à la main. Un livre emprunt d'histoires en tous genres. Se léchant le doigt avec délectation, Chloé l'apposa sur les premières pages et les tourna. Glissant le livre sous le nez de son protégé, elle le laissa observer les aquarelles magnifiques qui avaient été posées sur le papier et jubilant sur ses propres souvenirs, la louve se lécha les babines deux fois avant de commencer à raconter.

-Ils marchèrent longtemps à leur recherche. L'homme dans sa plus grande faiblesse se savait vaincu à l'époque. Et quand les limites de son monde se refermaient sur lui, il se résolu à appeler ses voisins pour lui venir en aide. Les premières créatures de ce monde et aussi les plus fortes se rassemblèrent en une sorte de conseil, plus un tribunal, pour juger de sa destinée. Les plus sages d'entre elles virent la force en le cœur de l'homme. Favorables à leur demande, elles décidèrent de leur offrir le droit de vivre à leurs côtés et pour leur fournir les armes afin de maîtriser leur destin, ils obtinrent le pouvoir de manier les éléments qui les terrifiaient tant. Dans les grandes lignes. Mais comme tout accord, il y avait des contreparties. Quand les créatures ont réalisé que l'homme était trop jeune pour se gérer lui même, il était déjà trop tard. Il n'y a pas eu de conseil depuis des âges. Si les créatures se réunissent maintenant, c'est que la situation nous a échappé définitivement. Certaines vont vouloir se venger de l'homme pour ce qu'il leur a fait. Nous nous apprêtons à vivre quelque chose que nombre de nos pères et mères ont rêvé avant nous. Dans moins d'un an, toutes les créatures de ce monde vous se retrouver en un même endroit pour décider de l'avenir de l'homme ...

C'était préoccupant.
Quoi qu'il arrive alors, Chloé savait que le moment était mal choisi pour un tel conseil. Tous pouvaient décider de prendre la plus noire des décisions en reflétant toute la rancœur qui s'était formée à l'écart des vices de ce monde. Les créatures étaient une forme supérieure de la vie occupant la planète. On ne parlait pas d'animaux, mais de formes d'être vivants supérieurs aux sorciers. Des êtres plus sensibles à la magie, plus sensibles au monde, plus forts de par leur lien. Trahis, exilés, repliés ... Chloé se laissa tomber lourdement sur son siège.

-Je ne peux pas le croire. Qu'allons nous faire ?

Le visage parfait de Faïna se mua en un masque impassible. Seule une légère ride verticale pouvait trahir de la réflexion qui l’agitait intérieurement. Ses prunelles de sang rencontrèrent un instant celles de la louve. Malgré leurs querelles, elles s’entendaient au moins sur ce point: la situation risquait de déraper sous peu.
Des choses étaient à l’œuvre, dépassant largement le petit entendement de la race humaine. La vampire souriait intérieurement en voyant la mine perdue de Corwin.

Ce crétin ne doit sans doute rien comprendre…

Faïna reporta son attention sur le parchemin de James. Ainsi, le conseil allait être une nouvelle fois réuni. D’un certain côté, la manière dont son nouveau frère prenait les devants quant aux décisions de Nikolas l’agaçait. Il se targuait de tout savoir, et cela irritait un tantinet la vampire. Cependant, tout le monde l’irritait. Cela n’était pas réellement dû à James. Quiconque parlant d’une chose dont elle n’avait connaissance la rendait exécrable. Et à bien y réfléchir, il avait raison. Leur père plierait sous le joug de la créature.
Elle adressa un hochet de tête à l’assemblée.

- En effet, Otets ne discutera pas sur ce point. Il laissera le champ libre à Héréa. Cependant…

Elle plissa les yeux.

-… Je me demande bien quelle pourrait être la réponse des démons. Pense-tu vraiment que le paternel de ton amoureux transis sera capable de rallier ses congénères aux choix d’Héréa?

Et elle jeta un regard en biais à Corwin.

- Si tant est que tu le revois un jour…

Le pauvre petit abandonné…

Une esquisse de sourire mesquin apparut à la commissure de ses lèvres.

- Et voyons la réalité en face James! Les démons détestent Héréa! Et inversement! Ils se sont toujours haïs, et j’ai de sérieux doutes, quant à la motivation de ces êtres, pour lui apporter du soutien. C’est bien beau de vouloir éliminer tous les obstacles à sa présidence, mais les êtres des Enfers…c’est une autre paire de manche. Je ne remets pas en cause le fait que tu désires aider Héréa, mais ce qui nous attends est bien loin d’un simple acquiescement de Nikolas.

Elle se réinstalla plus confortablement sur le vulgaire dossier de bois, et croisa ses bras fins.

- Et qui dit que les démons ne souhaitent pas la disparition de la race humaine…? Personnellement, je n’ai pas envie de sucer le sang de poulets toute une éternité…! Je me range derrière Otets de toute manière. Mais, Corwin…

Elle le darda d’un regard flamboyant et dénué de compassion.

- Tu vas avoir un sacré boulot petit avorton. Il serait bien que ton père débarque rapidement…

Le contrarier.
Une vague esquisse de bêtise dans le regard, c'est tout ce qu'il put lire en elle en cet instant. Si l'espace d'un moment l'envie le rongea de l'envoyer s'aparpiller en petites tâches sur tous les murs, il contint pourtant ses pulsions d'un clignement de l'oeil, rythmé, parfaitement significatif de ses états d'âme. Il parvint même à lui sourire, de la façon la plus hypocrite du monde.

-Si Héréa avait besoin de moi pour éliminer les obstacles, ce serait moi, le président de ce fichu conseil. Qu'on se le dise, je ne propose pas de l'aider pour que les choses arrivent, je le fais pour qu'elles aillent plus vite. Obtenir l'aval des Démons en passant par le père de Corwin est un moyen d'éviter de perdre du temps à tous devoir les éliminer. Et crois moi Faïna, tu ne veux pas t'opposer à Héréa.

Mais James savait bien autre chose sur les enfers.

-Il y a un autre spécimen vivant à Poudlard. Plus diffus. Je peux le sentir, parfois même j'ai la sensation de sa présence, puis elle disparaît aussitôt. Je n'en suis pas encore sûr, mais je sais à qui parler.

Le Vampire frissonna d'ailleurs à l'idée de retrouver une veille connaissance.

-Caleb ...

-Je n'ai pas le temps de m'étaler davantage en paroles inutiles. Où vous me suivez, où je vous vous opposez à moi. Mais je vous préviens alors, je nourris certains projets, bien plus grands que vos pouvoirs habilement réunis. Et je risque de commettre l'irréparable pour mes ambitions.

-Inverser la mort par exemple ...

-La consigne est claire. Je vous demande d'avoir l'air d'élève aussi normaux que des créatures peuvent l'être. Observez, apprenez. Que ce soit les enfants ou les adultes, il y a quelque chose qui nous échappe dans cette école. Le professeur Silver et Namdak ne sont pas des gens qui attendent bêtement leur heure. Il se prépare quelque chose, je veux savoir quoi. Pour ce qui est du conseil Chloé ... J'ai besoin que tu parles à la horde Polonaise. Tu peux faire ça pour moi ? Merci.

Rabattant alors sa capuche sur une bonne partie de son visage, le sorcier arma bien sa baguette à sa ceinture. Sorcier ... enfin, en partie. Un vague sourire, il leva les deux bras vers les jeunes femmes à ses côtés.

-Cession ajournée.

Puis, pris d'une maladive envie d'embarrasser Corwin, James l'attrapa par le col et posa ses deux lèvres sur les siennes, lui adressant ensuite un regard des plus provocateurs.

-Voilà, retrouvailles opérées. On peut essayer à nouveau de ressembler à un couple normal et ennuyeux à mourir désormais ? Les autres ne comprendront pas la distance entre nous. Je t'aime Corwin, je t'aimerais toujours au fond de moi, mais il nous faut avancer nous aussi, et j'ai besoin de toi pour réussir.

Ou comment ne pas lui dire qu'il préférait se faire haïr pour lui sauver la vie, et la sienne par la même occasion. James savait qu'il devrait faire croire que Corwin n'avait plus d'importance pour lui. Mais sachant qu'il n'y arriverait pas seul, il avait besoin que Corwin se retourne de lui même. Il y eut un temps où le garçon ne l'aurait pas lâché, un temps où il se serait accroché à lui sans démordre. Cette fois pourtant James sentait qu'il ne lutterait pas ...

Pourquoi moi ?

Le Japon, Dakeyras y avait fait un passage express qui lui avait laissé des souvenirs pour le moins désagréables. Il avait était marqué, aussi bien physiquement que mentalement par cet épisode. Et depuis, les choses s’était enchainé, on lui avait demandé d’aider Erell, il l’avait fait, il s’était tenu à ses côtés comme il l’avait pu et l’avait soutenu pendant la bataille entre les deux factions. Il avait fait son possible pour faire ce qu’elle lui avait demandé. Et maintenant, elle n’était plus là, il n’avait plus aucune nouvelles d’elle. Elle avait quitté l’école sans un au revoir, sans une explication et le jeune garçon s’inquiétait pour elle. Il se sentait en partie responsable. Mais le principal responsable était ce James dont Erell lui avait parlé lors de leur entrevue. Le jumeau de Jimy, celui qu’il avait vu dans cette taverne miteuse et sordide. C’était lui qui l’avait chargé de cette mission et il voulait savoir pourquoi. Erell lui avait conseillé de s’en méfier et il le ferait, mais il voulait l’approcher, le voir et lui demander des explications sur son choix. Pourquoi lui, pourquoi vouloir aider la championne de son rival. Beaucoup de questions sans réponses. Il aurait voulu les trouver plus tôt, mais la personne en question avait attendue la rentrée pour refaire surface. Revenir d’où d’ailleurs, encore une bonne question.

C’est donc pour ça qu’il avait pris la direction de la vieille cabane du garde chasse, car c’est à ce titre qu’il leur avait été présenté par Dumbledore à la rentrée. A l’approche de la cabane, Dakeyras sentait son cœur battre fort, il était tout de même anxieux. Erell l’avait décrit comme quelqu’un de dangereux avec un fort pouvoir de manipulation. En arrivant, il se plaça d’abord sur le côté de la maison de bois pour regarder par la fenêtre s’il y avait quelqu’un. La couche de poussière qui obstruait la vue ne permettait pas que l’on voit l’intérieur. Cependant, il entendait qu’il y avait du bruit à l’intérieur. Il se décala alors vers la porte, puis après quelques secondes d’hésitation, il frappa contre la lourde porte. Il souffla un coup comme pour évacuer le stress. Il entendit des bruits à l’intérieur, plus fort et plus rapides qu’avant qu’il ne toque à la porte.

Il attendit deux petites minutes avant que la porte ne s’ouvre enfin...

-( P L A Y )-

-Attends chérie, je goûte d'abord ton petit copain. Ensuite ce sera ton tour, sois patiente.

S'occuper.
Corwin s'était finalement révélé plus décevant que tous les autres réunis. Ennuyeux à mourir, sans tripes, sans autres ambitions que sa petite vie de simple mortel semi démon frustré par la disparition précipitée de sa pauvre maman. Vous a-t-on déjà évoqué l'importance semie inutile de son pauvre papa, évadé de l'exil il y a peu ? James essayait tant bien que mal de se convaincre que son amour pour lui finirait bien par s'étouffer. Pourtant, rejeter le seul homme qu'il avait aimé était en train de le faire souffrir avec plus de force que tout ce qu'il avait connu avant cela. Se distraire, c'était devenu le seul moyen de détourner ses pensées. Bien que, l'avantage d'être un Vampire devait résider non loin du fait de pouvoir éviter les sentiments à son bon vouloir.

-C'est ça, tourne encore un peu ... Voilà.

Pile dans ses cordes.
Un jeune homme à la chevelure prune se tenait à présent sur ses genoux, la nuque bien à l'air. La chemise dégrafée, révélant son torse tendu par la jeunesse. Ce parfum enivrant du mâle tout frais. James ouvrit le feu, sentant très doucement ses crocs venir presque déchirer ses lèvres pour se frayer un chemin. Attrapant le cou du jeune homme, il enfonça ses dents dedans avec force, le maintenant contre lui. Quant il eut fini, il le jeta simplement à terre, faisant signe à la blonde qui leur dansait autour de s'approcher.

-Allez Junior, danse à sa place, là je vais m'occuper de ton amie. Je vous avais dit que c'était mal de s'aventurer dans la forêt interdite le soir, mais personne ne m'écoute jamais moi.

Souriant, James eut alors une pensée plus amusante.

-Attends.

Posant une main sur la figure de la jeune femme il la repoussa avec violence sur le sol. Fixant le garçon, il admira un moment son visage, puis, essuyant le sang recouvrant son menton, il siffla quelques nouveaux mots très orientés.

-Déshabilles toi, lentement pendant que vôtre ... C'est quoi ton nom déjà ?

Un énième jeune homme immobile balbutia.

-Freddy.

James grimaça.

-Mais c'est moche comme nom ! Tes parents devaient te détester. Bref, on s'en tamponne. Quand machin aura quitté sa chemise, je veux te voir te frotter à lui. Et dans le rythme si possible. Si tu casses le tempo, je vais m'énerver et ça va mal finir pour vôtre copine. Allez chérie, viens voir papa, on a des choses à se dire.

C'est en goûtant la fille que tout se compliqua.
Corwin, il était là, partout ... Du petit prune en train de se trémousser à demi nu jusqu'à la blondasse surfaite sur ses genoux. Claquant des doigts, James leur ordonna à tous d'arrêter. C'est alors que se levant pour s'en défaire avec colère, trois battements retentirent à la porte. James laissa ses pupilles se dilater une nouvelle fois et bien en vu de ses convives il les hypnotisa encore.

-Allez vous caler dans le premier placard que vous trouverez et surtout, même si l'envie vous prend, vous ne serez capable d'émettre aucun son. Exécution.

Il se rhabilla, du moins il essaya.
Passant simplement une robe de chambre en soie sur ses épaules, il laissa à l'air le résultat d'un régime pur sang et d'une vampirisation. Soit toute la beauté bodybuildée de son nouveau physique de rêve. Mais Dakeyras avait de la chance, ce soir là il avait gardé son pantalon.

-Tu veux quoi toi ?

Demanda-t-il au blond avant de le reconnaître.
Un moment immobile, James finit par le reconnaître. Souriant il enfonça son regard directement dans celui du blondinet et, l'hypnotisant à son tour, il lui ordonna de rentrer. Sans comprendre pourquoi, Dakeyras s'exécuta. James le fit asseoir, naturellement.

-Je t'écoute. Et je ne veux que la vérité. Un café peut être ?

La porte s’ouvrit pour laisser apparaitre James. Dakeyras connaissait son prénom uniquement parce qu’Erell le lui avait dit.
Le garde chasse scruta un instant le gryffon, lui demandant ce qu’il voulait. Le jeune garçon allait ouvrir la bouche pour répondre à la question mais son regard fût capté par celui de son interlocuteur. Envouté par ces grandes pupilles et sans savoir pour quelle raison, il entra dans la cabane. Puis il s’assit sur une chaise qui trainait au milieu de la pièce. Il se tenait bien droit et ne bougeait pas d’un pouce, restant fixé sur James, notamment sur ses yeux. Celui-ci l’invita ensuite à parler, à expliquer ce qu’il faisait là. En temps normal, Dakeyras aurait réfléchi avant de donner sa réponse, il aurait tourné ses phrases dans sa tête plusieurs fois pour le dire le mieux possible. Mais là, il ouvrit la bouche pour tout livrer d’un bloc.

Non merci, je n’ai pas soif. En fait j’ai déjà beaucoup bu ce matin à la salle commune et du coup je n’ai pas envie d’un café tout de suite, mais c’est gentil de ta part de proposer.

Si la vérité est des fois plaisante à savoir, elle comporte aussi des informations inutiles. Mais le jeune gryffondor en vint vite aux faits.

En fait, je suis venu te voir parce que je sais qui tu es. Erell m’a tout dit, je sais que tu es le double maléfique de Jimy Raven. Je sais qu’il était donc ton principal rival. Je sais aussi que tu es le leader de l’armée des ténèbres. Et je sais que tu étais dans cette taverne au Japon avec nous. Je m’en souviens. Et c’est là la raison de ma venue. J’ai beaucoup de questions qui ne trouve pas de réponse et que tu es le seul à pouvoir me donner.
La première, qu’est ce que tu faisais dans cette taverne au Japon et pourquoi m’y suis-je retrouvé soudainement avec Carnelune et Gabriel ? Ou devrais-je dire Caleb. Et où as-tu disparu ce soir là ?
Ensuite, je ne comprends pas pourquoi tu m’as demandé d’aider Erell, la championne de Jimy et donc championne de l’armée de Dumbledore contre laquelle tu te bas. Pourquoi vouloir que quelqu’un l’aide et pourquoi me choisir moi ? Ce n’est pas logique, tu aurais du vouloir qu’elle échoue. Alors pourquoi ?
Et maintenant, où est elle ? Qu’est elle devenu ? Que lui as-tu fait ? Toi ou ton armée de dégénérés ! Pourquoi n’est elle plus à Poudlard ? Vous l’avez tuée ? Vous l’avez fait disparaitre ? Répond moi !

Le ton du jeune garçon montait mais il ne se contrôlait pas, il n’était pas maître de ses émotions. Il ne voulait pas le dire de cette façon mais il n’avait pas le choix de la faire autrement, les mots sortaient seuls de sa bouche.
Il avait fini de parler pour l’instant, il avait dit tout ce qu’il avait à dire. Il fixa simplement James en face de lui. Il était beau, son corps était musclé, comme sculpté.

Après un instant de silence, un bruit à sa droite capta son attention. Il tourna la tête, brisant le lien visuel avec son interlocuteur. Une vieille armoire était là contre le mur et un bruit en était sorti. Pas un son mais un bruit, comme si quelque chose était tombé à l’intérieur. Ce n’était surement rien et il n’y prêta pas attention. Il était là avec un but précis, connaitre la vérité et il ne voulait pas se laisser distraire. Il reporta son attention sur son hôte. Il avait changé depuis leur entrevu au Japon, il le remarquait seulement maintenant. Mais son corps avait changé, il était musclé et sa peau était blanche comme de la craie. Ses yeux avait changé de couleur, ils étaient rouges comme le sang avec de large pupille. On aurait dit un lapin albinos mais en format humain.

Dakeyras reprenait ses esprits tout doucement, il se souvenait de ce qui s’était passé mais pas de la raison pour laquelle il avait fait les choses de cette façon. Il ferma les yeux une demi seconde pour se remettre les idées en place puis ouvrit la bouche une nouvelle fois mais en contrôlant ses dires.

Qu’est ce que tu m’as fait ?

En le regardant, il aperçu une tâche rougeâtre sur sa jambe droite, comme une coulée sur son pantalon qui venait finir sa couse sur son pied. Le gryffon scruta l’habitation autour de lui, c’était lugubre et une odeur particulière y régnait. Il regarda le sol ensuite et près des pieds de sa chaise, il pu observer deux tâches de la même couleur que celle du pantalon, on aurait dit du sang séché. Cela devait faire un moment qu’il était là.

Mais que ?

Ce James était peut être dangereux, après tout, il en savait sur lui, mais il était loin de le connaitre complètement. Il se souvint des mots d’Erell : « Il est puissant. Surement bien plus que ce que tu ne peux seulement imaginer. Il n’est pas humain, tu m’entends ? Il n’est pas humain ». Elle lui avait dit de se méfier de lui. Le jeune garçon se leva alors vivement de sa chaise et sorti Fire, la pointant sur lui.

Qui es tu ?

-( For Her )-

Un sourire.

-Allons, on ne va pas en arriver là. Tu ne veux pas mourir n'est-ce pas ?

Pourtant il pointa son arme grossière sur lui.
Curieusement, le visage de James se métamorphosa à la vue de l'objet magique. Son regard irradia quelque peu d'une lueur assassine, tandis que son visage, plus obscur et pâle que jamais lui donnait une touche de macabre qu'on ne lui connaissait plus. Bondissant d'un geste, il termina sa volée sur Dakeyras, le frappant avec violence contre l'un des murs pour qu'il lâche son arme. Le retournant ensuite comme une crêpe par dessus lui, il l'écrasa sur le sol, ne posant qu'un pied sur son torse gonflé. James pouvait sentir son coeur battre, au fond de lui, l'émotion le gagner. Il n'est pas aussi inhumain qu'il voulait le dire ...

-Je ne ferai pas de mal à Erell si j'ai d'autres choix, Dakeyras. Je t'interdis de me juger, tu m'entends ?

Puis relevant le blondinet, il plaça son visage tout près du sien, fixement, enfonçant son regard au creux de ses pensées les mieux protégée. Il le bouscula de l'intérieure, l'envoûtant avec plus de force encore que la fois d'avant. Il n'allait pas le contraindre, pas tout de suite. Il avait d'abord des choses à lui dire. Des mots que le Gryffondor devrait retenir malgré lui, car ils seraient déterminants pour l'avenir.

-J'ai épargné Erell parce qu'elle est la seule à pouvoir m'aider, la seule qui puisse sauver Jimy Raven. Je veux le voir revenir, pas une pâle copie non, le véritable ... J'ai besoin de trouver des réponses. Je me fiche de ta petite vie ou de celles des élèves de Poudlard. Je laisse la destruction du monde à Roarch. Je suis au dessus de ces puérilités dichotomiales ...

Puis il s'approcha du cou de Dakeyras, ses crocs jaillirent de sa bouche naturellement. Il se retenait encore, mais à ne point s'y tromper, il en mourrait d'envie. Boire le sang du jeune homme le nourrirait aussi de ses plus profonds souvenirs.

-Je suis prêt à tout pour elle.

Bien sûr, on supposa qu'il parlait toujours d'Erell.

-Mais pour toi, c'est différent ...

Et sans demander son reste, il enfonça ses crocs dans la chair du blondinet. Aspirant son sang par grosses gorgées, il le teint paralysé de leur seul contact. Se reculant subitement, les yeux profonds, plein d'images, James secoua la tête pour chasser les dernières voix de souvenirs qui restaient vivante en lui. Il y avait une personne, une jeune femme à qui Dakeyras avait offert son coeur. C'est d'elle dont il aurait besoin pour le tenir en paix.

-Je ne voulais pas en arriver là, mais vous ne me laissez jamais le choix. Léocadie hein ? Je me demande combien de temps il me faudrait pour lui arracher la tête. Sûrement moins de temps qu'il n'en faudra pour que tu réalises que si tu avais gardé le silence, elle serait encore envie. Révèles la moindre chose autour de toi, la plus petite de ces informations, et je te promet que tout ce que tu reverras d'elle, c'est ce que j'aurai laissé quand j'en aurai fini.

Puis un sourire illumina son visage à nouveau.

-Cela étant, si tu renonces à la voir, si tu protège Erell le temps que je revienne, si tu la retrouve quoi qu'il en coûte, je pourrai peut être te donner ma parole que vous serez tranquilles, tous les deux. Vois-tu, j'ai malgré tout des principes de temps à autres, quand je suis de bonne humeur. Tu t'es mis toi même entre deux tirs. Cette bataille que je mène ne vous concerne pas. Je veux seulement savoir qui je suis ...

James le laissa alors s'asseoir, le libérant de son emprise.
Avec colère, le vampire dégagea l'armoire où il avait caché sa distraction précédente. Quand les jeunes tombèrent sur ses pieds, il les releva, les jeta sur la porte, leur hurla de s'enfuir. Ils hésitèrent, mais les hypnotisant encore, il rugit une ultime fois.

-Partez, craignez moi, évitez moi ... Je ne veux jamais vous revoir sur ma route.

Et machinalement, il renversa tout ce qui se trouvait autour de lui avec une force surhumaine.

Le choc avec le sol mit le dos du gryffon en vrac. Une vive douleur le lançait dans le milieu de dos. Il laissa Fire tombait et il fut aussitôt abandonné par sa présence.
Plaqué au sol, James au dessus de lui, il n’avait d’autre choix que d’écouter ce qu’il avait à lui dire. Mais il ne comprenait pas, pourquoi ne voulait-il pas blesser Erell ? Elle était pourtant celle qui s’était opposé à son armée, celle qui avait aidé son rival.
Il sentit une main le saisir par le col et le tirer vers le haut avec aisance pour le remettre sur ses deux jambes. Deux yeux fixaient les siens avec insistance et il s’y laissa perdre. Il éprouvait la même sensation que quelques instants auparavant, il sentait qu’il était dans son corps, mais c’était comme si il ne pouvait plus le contrôler. Il écouta donc les paroles du garde chasse et les laissa se graver dans sa mémoire sans avoir le choix de faire autrement. Il comprenait cependant ce qu’il lui disait et il comprit alors la raison qui le poussait à épargner Erell. Elle lui était nécessaire.

L’une de ses phrases le surprit également, pourquoi disait il vouloir sauver Jimy, ramener le véritable ? Celui qui était là depuis la rentrée ne serait pas le vrai Jimy Raven ? Comment était ce possible ? Il avait pourtant l’air bien réel.
Le temps qu’il se pose ces questions, James avait poursuivi son récit, et soudainement, Dakeyras ressenti une intense douleur dans le cou, comme une déchirure, il avait l’impression qu’une plaie béante s’était ouverte à cet endroit là. Il écarquilla les yeux et son corps se raidi. Il voulu y porter les mains, mais la souffrance le paralysait. Il sentait son sang affluait vers le haut de son corps et il faiblissait. Il avait comprit ce qu’il était, il connaissait bien les créatures grâce à son père. Le jeune homme était un vampire, ça expliquait la coulée de sang sur son pantalon et les deux petites tâches sur le sol, et aussi le fait qu’il était en train de boire son sang.
Le gryffondor espéra qu’il ne le tue pas, il avait encore des choses à faire avant de mourir. Et il avait promis à Léocadie de ne pas la laisser. Il vit des épisodes de sa vie passer dans son regard au fur et à mesure que le sang s’évacuait.

Heureusement, il le lâcha avant d’avoir complètement asséché ses veines. Le jeune garçon avait la tête qui tournait et il se sentait faible. Il mit quelques secondes qui lui parurent des minutes à reprendre plus ou moins ses esprits. Son corps, quant à lui, resta sans énergie. Il tenait à peine debout.
James se remit à parler, et malgré son manque de vigueur, Dakeyras tiqua quand il évoqua le prénom de la belle ténébreuse. Comment avait il su ? Puis il se souvint des récits de son père, les vampires pouvaient boire les souvenirs des gens dont ils buvaient le sang. La créature savait alors tout de lui maintenant. Il voulu parler et protester lorsque celui-ci la menaça, mais il n’arrivait pas encore à parler. Il se contentait d’écouter car il était encore sous l’emprise de ce monstre en face de lui.

L’entrave ne dura pas beaucoup plus longtemps. Il senti son emprise se relâcher et quand il s’assit, il fut comme soulagé, ses jambes avait du mal à porter le poids de son corps. Il porta une main sur les marques de son cou, il senti le contact du liquide épais et chaud qui continuait à couler en un fin filet jusque sur le col de sa chemise. Reprenant un peu ses forces, il regarda le garde chasse libérer ses otages de l’armoire et saccager ce qui lui servait d’habitation. Puis quand il eu assez de force pour parler, il le fit.

Ta bataille comme tu dis... Elle nous concerne... A partir du moment où... Nous sommes touchés par tes actions. Et je l’ai été, tout comme Erell... Et je suppose que bien d’autres personnes l’ont été aussi.
Quant à Léocadie, laisses la en dehors de ça ! Elle n’est pas concernée, elle n’est au courant de rien.
Je jure que si tu la touche, je t’arracherais les crocs pour m’en faire un collier ! J’en mourrais surement, tu me tueras, mais je fais le serment que si tu l’approches je t’affronte jusqu’à la mort et au-delà !

Une fois de plus, il avait laissé le ton monter mais il n’acceptait pas que le gens qu’il aime soit menacé. Léocadie était l’une des seules personnes qui lui restait. Ses parents l’avaient quitté, Fire n’était plus là, seule la serdaigle était encore là et il ne voulait surtout pas la perdre ou qu’on lui enlève.

Je ferais ce que tu me demandes, je retrouverais Erell. Je la cherche déjà depuis quelques temps, j’essaye de me renseigner, mais je suis coincé à Poudlard pour l’instant. Mais je ferais tout ce que je peux pour en sortir, pour la trouver et pour la protéger. Je ne dirais rien sur ta nature, je ne révélerais pas ce que je sais, à personne. Mais je t’en pris, ne fais rien à Léocadie, elle ne mérite pas ça.

La dernière phrase, il la prononça avec un ton calme, implorant. Et son regard aussi suppliait James de ne pas s’en prendre à elle, de la laisser tranquille. Dakeyras était prêt à tout pour elle.

-( Pas Seulement Moi )-

Si les choses avaient été si simple.
Quand James arrêta de soulever tous les meubles un à un, il s'interrompit furieux mais une lueur de surprise dans le regard. Puis, machinalement il se laissa éclater de rire. Les menaces les plus pathétiques du monde qu'on lui avait faite. Le blondinet était non seulement niais à cet instant, mais plus inutile que jamais. Protéger sa "blonde". Un concept puéril et idiot tout juste bon à sustenter les fanatique de drames amoureux à l'eau de rose.

-On peut nier toute la teneur de ces paroles, tu continueras de croire bêtement en ces choses qui ne m'affectent plus, n'est-ce pas ? Cesses de défendre ton amour comme un idiot, soit un peu terre à terre, grandit Dakeyras. Les gens nous aiment, et un jour on meurt pour eux. Ca remet tout en question, tu sais ?

Arrachant ses affaires sèchement, James se changea encore.
Rajustant une chemise sous un serre taille ample, il rajusta son pantalon noir moulant. Par dessus, il enfila un manteau long clos à la gorge par une broche en argent massif. Rajustant ses cheveux derrière ses épaules, il les noua vulgairement et s'empressa d'ouvrir la porte derrière lui, invitant Dakeyras à le suivre.

-Je ne suis pas un héros Dakeyras, ni le grand méchant. Ma guerre vous touche peut être, mais il n'en demeure pas moins mon combat. Erell est plus noble que vous ne semblez le croire, plus belle, plus forte que nombre d'entre vous. Je l'admire, autant que je la respecte. Pourtant je suis prêt à la tuer si nécessaire. Il faut te faire une raison, elle a fait son propre choix en aidant Jimy. Si tu l'apprécies autant que tu le prétends, tu oublieras ton amour égoïste pour cette idiote dont tu crois être amoureux, et tu feras ce qui doit être fait. Sans penser à toi.

Etait-il vraiment dans le faux ?
Avait-il tort de rapporter à Dakeyras son insouciance, et son culot de venir ensuite lui reprocher tout le désordre du monde ? Si tout avait été si aisé, on pourrait se contenter à batifoler derrière une haie. Mais voilà, il venait de se réveiller.

-Tu aurais peut être mieux fait de rester tapis dans ton coin avec ton "cher amour". Cette bataille n'est pas l'affaire des ignorants ou des gens qui ont quelque chose à y perdre. Je me fiche de Léocadie, comme de ta vie. Les seules qui m'importent m'ont déjà été retirées. Alors à quoi bon ... Même Corwin m'a oublié.

A mis chemin entre son potager et la lisière des bois épais, James se tourna d'un seul coup vers Dakeyras, le vent qui balayait ses longs cheveux noirs devant son visage pâle lui prêtèrent une certaine pureté, de la noblesse sous les rayons trompeurs de la lune. Ici son regard n'était pas plus rouge qu'un autre, dans la nuit.

-Si tu veux retrouver Erell et veiller sur elle en m'attendant, je pense que Djaniah est la seule à avoir une idée d'où elle se trouve. Si tel n'est pas le cas, inutile d'aller perdre ton temps avec Atanys. Ce serait bien trop dangereux. Le monde change, nous le sentons tous. Il se passe des choses et nôtre monde est sur le point d'exploser. S'il y a des gens que tu aimes vraiment, tu devrais les mettre à l'abri avant qu'il ne soit trop tard.

Puis il se remit à filer vers les bois.

-Je n'ai pas demandé tout ceci, je n'ai seulement pas eu de chance dans la vie ...

Le vampire commençait à s’enfoncer dans les bois et Dakeyras le suivit. Il l’avait écouté sans dire un mot. Ils s’enfoncèrent tous deux un peu plus dans la forêt interdite. Au bout d’un moment, le jeune gryffon interpella James. Ils se trouvaient dans une petite clairière.

L’amour est la seule chose qui nous maintient en vie. Qu’il vienne de nos amis ou de nos proches, il est indispensable. Mourir pour ceux qu’on aime est la meilleur façon de partir, et je le ferais autant de fois qu’il m’est permit. Si tu as oublié ça, c’est que tu ne te souviens pas du goût de l’amour. Ton cœur est sec, je le sens dans tes paroles.

Il marqua une pose de quelques secondes. Secondes qu’il utilisa pour penser à toutes les personnes qu’il aimait et de qui il recevait de l’amour. Mais aussi à celles qu’il avait déjà perdues.

Quant à Erell, je ne remets en aucun cas sa noblesse et son pouvoir en question. Jusqu’au bout, je l’aiderais. Je la retrouverais et je la sauverais. Et si tu veux la tuer, tu me trouveras sur ta route. Je ne te fais peut être pas peur, mais je me dresserais devant toi. Et je ferais alors tout ce qui est en mon pouvoir pour t’en empêcher.
Tu te justifie en faisant référence au choix qu’elle a fait Erell, mais n’oublie pas que si elle a fait ce choix, c’est de ta faute. Et uniquement la tienne. Elle a du le faire pour empêcher ta petite armée de détruire le château et de tuer ses élèves. Encore une fois, le choix d’Erell n’est que l’aboutissement de ta guerre personnel.

Dakeyras n’acceptait pas que le garde chasse reporte sa faute sur sa camarade. Tout ce qui était arrivé jusque là n’était que le fruit de son ouvrage. Tout était de sa faute. Il avait également évoqué la chance, et une fois de plus rien n’avait à voir avec la chance ici.

Et la chance n’a rien à voir dans cette histoire. Tu as toi-même fais tes choix et c’est ces mêmes choix qui t’on mené jusqu’ici. Tu cherches des excuses pour te déculpabiliser mais pourtant la vérité est juste là, sous ton nez. Et même si tu n’acceptes pas de la voir, elle est pourtant là.
La bataille en dehors de Poudlard n’est peut être pas de ta faute, mais c’est toi qui a contribué à la faire entrer dans ce château.

Le soleil commençait à se coucher et une lumière rouge orangée illumina la clairière. Un rayon de soleil vint barrer le visage du jeune garçon. La température avait baissé de quelques degrés et la nuit ferait bientôt son apparition.

-Mon coeur n'est pas sec ... Il est brisé. Pourquoi devrais-je croire à quelque chose qui m'a tué une fois ... Justement ! Si tu savais ce que c'est de mourir par amour, tu ne supplierais pas le ciel de t'y faire goûter.

Mais les paroles fusèrent ...
Trop de paroles, trop de cris, trop de reproches. Le jeune Vampire lissa un instant ses longs cheveux noirs, puis, ses deux mains collées à ses tempes il attendit que ce flot interminable d'inepties cesse enfin. Aussi quand Dakeyras parvint enfin à en finir avec son second paragraphe presque trop récité, le reflet s'éclipsa d'un éclaire pour arriver derrière le jeune homme. Là, il avança sa bouche pour murmurer à peine.

-Tu pourrais bien te dresser contre moi, si tu avais la force de me dire non.

Une leçon.
Voilà ce que James allait donner à Dakeyras. Erell avait besoin d'un ange gardien, d'une personne qui la tiendrait envie en attendant qu'elle ne daigne s'offrir enfin à lui. Elle, c'était elle qu'il voulait à présent, comme un enfant change d'humeur face à un nouveau caprice. D'un virevoltement, il chopa le petit impertinent par la gorge, le serrant fort, si fort qu'il lui coupa presque le souffle et le ramenant tout près de lui, il le projeta dans la direction inverse pour le regarder se briser sur le tronc d'un des plus gros arbres alentours. Bondissant sur lui d'un unique saut, il le releva et quand leurs regards se croisèrent alors, James marqua la fin d'un moment dans l'esprit du jeune homme le plus mal luné de tout Poudlard. Il tua son amour, avant que lui ne le tue.

-Tu oublieras Léocadie. Ce que tu ressens pour elle. C'était un bon moment, mais aujourd'hui tu sais que ton devoir compte plus encore. Tu te sentiras seul, retrouver Erell et veiller sur elle est tout ce qui te reste en ce monde. Tu aimais Léocadie. Mais tu ne pouvais pas rester avec elle.

Les pupilles sanguines de James se dilatèrent au maximum pour achever l'envoûtement. Avant qu'il ne termine toutefois, il prit le temps de prononcer quelques dernières paroles.

-Cette guerre n'est pas la mienne. J'ai pas eu de chance, c'est tout. Je suis mort pour quelqu'un qui m'abandonne de jour en jour, et je suis revenu à la vie pour un autre que j'ai perdu. Que me reste-t-il à aimer ? A part ce que je fais ... Quand tu seras en état, tu comprendras, Dakeyras.

Et son emprise se relâcha, autant celle visuelle que physique.
Dakeyras serait un peu penaud l'espace de quelques minutes, mais cette manipulation mentale changerait sa vie, c'était indéniable. Et quand enfin il serait lucide à nouveau, les raisons évidents de son amour pour Léocadie auront toutes disparu ...

-Je suis désolé. Erell passe avant toi.

Le choc contre le tronc fut brutal. Dakeyras était sonné, quand une main le releva. Là, il rencontra deux yeux rouges sang qui le fixèrent et qui s’immiscèrent dans son regard. Comme envouté, le jeune garçon se sentit comme sur un nuage, comme s’il flottait. Toutes les choses autour de lui semblaient ne plus avoir de consistance. Seule une voix qu’il ne reconnu même pas résonna dans sa tête. Et sans savoir pourquoi, il l’écouta. Il ne comprit pas ces paroles, mais son esprit les enregistra.
Puis il se senti revenir, il n’était plus tenu. Ses jambes tinrent, malgré les contusions. Il resta debout quelques instants, regardant le vide. Comme si on venait de lui lobotomiser le cerveau, il ne réagit pas. Il senti juste ce soudain vide qu’il ressentait. Il avait perdu quelque chose pendant cette entrevue, mais il ne put dire quoi.

Lorsqu’il revint enfin à lui, il était seul dans la forêt interdite. Il se souvenait de son entretien avec le vampire. Il avait été brutal et mouvementé. Mais il ne parvint pas à se rappeler de quelle façon il avait pris fin. Cependant, il était convaincu qu’il devait retrouver Erell au plus vite, pour la protéger de James. Il savait que c’était ce qu’il devait faire. Et pour cela, il devrait abandonner Léocadie. Et malgré la promesse qu’il lui avait faite, il semblait n’avoir aucun scrupule, ne serait ce qu’à l’idée de le faire.

Alors il quitta cet endroit, pour rejoindre le château. Déterminé.